L’histoire de Charleroi lors d’un spectacle mapping par Dirty Monitor.
« Un voyage poétique de l’aube des temps jusqu’à aujourd’hui”.
Diffusé le samedi 9 septembre 2023 à 23h, lors de l’inauguration de la place Vauban ancienne place Charles II.
Extrait du mapping, la brève histoire de Charleroi
On a un peu oublié mais c’est un carolingien, le chanoine Georges Lemaître qui a résolu le mystère de la création de l’univers grâce à cette théorie de l’atome primitif plus connue sous le nom de Big Bang.
Une théorie qui a séduit les plus grands savants. Moi, Charleroi, je suis lié à la naissance du monde.
Bien sûr tout cela ne s’est pas fait en un jour et je n’ai longtemps été qu’un grain de sable au fond de l’océan. Lorsque celui-ci s’est retiré, une nature luxuriante a recouvert les terres émergées. Au gré des millénaires la vie s’est transportée sous les formes les plus étonnantes, parfois même les plus inquiètes.
Les premiers hommes sont alors apparus, d’abord des munis de tout. Les millénaires ont défilé au grand compteur de la vie jusqu’à la domestication du feu qui leur a ouvert les portes. Grâce à lui, l’homme a appris à travailler le fer. Et c’est ainsi que bien des siècles plus tard une première communauté s’est installée ici en bord de rivière là où la Sambre d’aujourd’hui rencontre l’Eau d’Heure et le ruisseau du Piéton.
Je me suis d’abord appelée Charnois et lorsque les Espagnols se sont intéressé à moi vers la moitié du 17e siècle, je n’étais encore comme modeste de village de 350 habitants, de prairie et de champs. On y exploitait déjà la houille pour alimenter les premières forges.
En 1666, mon destin a basculé lorsque la couronne d’Espagne a décidé de faire de moi une ville stratégique en y construisant une imposante forteresse. L’idée étant de se protéger du voisin français. Pour tout dire l’aventure m’a laissé un souvenir plutôt pénible, car ma population a été évacuée, la circulation sur les rivières paralysée et les cours d’eau eux-mêmes détournés. Mais le 3 septembre de cette même année, je devenais une véritable ville sous le nom de Charleroi, un clin d’oeil au petit Charles II devenu roi d’Espagne un peu plus tôt à l’âge de 4 ans.
Vous imaginez bien qu’avec un tel pédigrée, ma vie n’a pas été un long fleuve tranquille et j’ai longtemps été tiraillé entre les grands qui se faisaient la guerre en essayant de se partager l’Europe. C’est bien simple entre le moment où je suis devenu une ville et l’indépendance de la Belgique soit 164 ans; j’ai été successivement espagnol, française, autrichienne et hollandais. N’allez pas croire que pendant tout ce temps les Carolos restaient les bras croisés. Bien au contraire, je suis devenu le cœur d’une région industrieuse où le commerce, les transports et l’industrie était en plein essort.
En 1830, l’indépendance et la naissance de la Belgique ont apporté une impulsion supplémentaire à ce formidable développement, porté par la révolution industrielle, grâce à la sidérurgie, charbonage, au verrerie. Mon nom a rayonné dans le monde entier. Et si quelques années plus tard, la Belgique c’est hisée à la deuxième place des pays industriels du monde, je ne suis pas peu fière de revendiquer ma part de travail.
Mais pour les travailleurs cette puissance industrielle était aussi synonyme de conditions de travail épouvantables, de rythme inhumain et accablant. Il y avait aussi la misère sociale et les drames quotidiens dans une région devenue pays noire, à cause de ses usines polluantes. Les corons surpelés se sont alors surelvé. Il y aura de grande grève et les grandes révolte d’une classe ouvrière qui vont entamer un long combat pour plus de justice social.
Mais la solidarité finit toujours par payer et je suis devenu le berceau de nouveaux acquis sociaux arrachés de haute lute. A l’aube du XXème siècle, la prospérité est revenue, semblait éternelle; et je me suis faite encore plus belle pour attirer des centaines de milliers de visiteurs lors de l’exposition de 1901 donc quelques vestiges importants sont aujourd’hui remis en valeur, comme le batiment zénobe gramme.
Mais les plus belles aventures ne peuvent rien contre les coups du sort, à deux reprises, la folie des hommes m’a projettée dans un monde de souffrance dont je suis sorti meurtrie, défigurées. Mais animé d’une volonté farouche de reprendre le dessus.
Pour se faire, j’ai pu compter sur l’arrivée massive de travailleurs souvent venus du soleil, comme ces milliers d’Italiens qui ont vécu dans des conditions difficiles en débarquant du train chez moi.
C’est alors qu’une terrible catastrophe a de nouveau endeuillé le monde ouvrier.
Dans les années qui ont suivi, mes trois industries phares on connu une descente aux enfers. Dans le même temps, comme pour mieux faire fondre face au destin qui s’acharnait, 14 communes voisines décidait de me rejoindre pour former une nouvelle entité. C’était en 1977, et j’allais devenir la ville la plus peuplée de Wallonie, avec plus de 200 000 habitants.
Le 2 septembre 2016, l’annonce de la fermeture programmée de l’usine Caterpillar de Gosselies, allait être le point d’orge d’une longue série de drames économiques. Cout dur ou pas, Charleroi est une battante. Et chez nous, on n’a pas l’habitude de pleurer sur son sort. Il faut dire que je ne manque pas d’atouts avec mes salles de spectacle, mes musées, mes bâtiments art-déco, mon folklore et des événements festifs qui ont drainés des millions de visiteurs au fil des décennies.
Chez moi, on soigne aussi bien le corps que l’esprit et ce n’est pas un hasard si le sport se décline en autant de discipline qui font exploser les salles ou les stades. Et puis à Charleroi, on sait aussi faire rêver grâce à la bande dessinée, un spitan gamin comme on dit ici, a réussi à conquérir le cœur de tous les enfants.
Si j’aime me montrer joyeuse et accueillante, je suis aussi sensible aux biens êtres de mes habitants; qui ont parfois payés lourdement certaines erreurs du passé. Comme le tout à la voiture ou la désertification des rues commerçantes, mais le futur est en marche et depuis une vingtaine d’années j’ai entamé une mutation profonde, une rénovation destinée à me rendre plus verte, plus attractive et plus agréable à vivre.
Tout à commencé avec cet aeropole de Gosselies, ces métiers du futur et la création de milliers d’emplois dans le secteur des biotechnologie. Aujourd’hui, cela se poursuit avec le campus, un pôle d’enseignement ambitieux, qui a pour vocation d’offrir aux étudiants des formations de tous niveaux, depuis les métiers techniques et scientifiques jusqu’à ceux de l’enseignement supérieur et universitaire.
Le tout, ancré dans une ville haute totalement remodelée; on l’ignore trop souvent, mais je suis une dame aux mensurations imposante pas moins de 100 km². Alors si j’osais une image originale, je dirai que mon nombril est la gare centrale qui se refait actuellement une jeunesse, au bord d’une Sambre aux berges redessinée. Face à elle, de l’autre côté de la rivière, la cité des finances et les terrains avoisinants accueilleront un ensemble de bureaux et de logements agrémentés d’un port de plaisance pour les usagers de la cité.
Aujourd’hui mon image bouge, évolue, se transforme et ceux qui me dénigrait hier, découvre peu à peu une ville rajeunie, à nouveau dynamique, débarrasser de ces vieux clichés. Une ville également tournée vers les technologies les plus pointues et qui vient notamment d’attirer un leader mondial dans la fabrication des satellites.
Née du Big Bang, grâce à la gloire d’un astronome visionnaire, je me tourne aujourd’hui à nouveau vers cet univers immense qui nous entoure.
L’heure est maintenant au renouveau avec ou sans intelligence artificielle, les outils du futur sont en place et les planètes sont désormais alignées pour atteindre à la constellation de la prospérité.
Hommage à celles et ceux qui ont fait Charleroi.
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